La paix n'existe qu'une fois par an

Un moment solennel – du moins pour la photo de presse. Ensuite, le quotidien reprend son cours. Et il est tout sauf pacifique.

Année après année, le drapeau flotte dans le cadre de l’action internationale des drapeaux « Mayors for Peace ». L’objectif semble noble : « un signe pour un monde sans armes nucléaires ». Mais que reste-t-il lorsque le vent retombe et que le mât redevient vide ?

« L’action internationale des drapeaux a lieu chaque année pour donner un signe en faveur d’un monde sans armes nucléaires », indique le communiqué de presse de la ville. Et plus loin : « Cette fois, le lever du drapeau de la paix est aussi un rappel du 80e anniversaire du bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki. »

De belles paroles. Mais c’est bien là le problème : cela reste des paroles.

Pendant que les politiciens posent devant le symbole de la paix pour la caméra, les armes continuent d’être envoyées dans les zones de guerre, les budgets de la défense augmentent, et les États – y compris l’Allemagne – poursuivent gaiement leur réarmement. Plus de 12 500 armes nucléaires existent dans le monde, et aucune avancée sérieuse vers le désarmement n’est en vue. Mais au moins : le drapeau flotte.

Depuis 2014, Weißenfels est membre du mouvement « Mayors for Peace », fondé en 1982 par Takeshi Araki, alors maire d’Hiroshima. Selon le communiqué, plus de 8 250 villes dans le monde – « dont plus de 850 en Allemagne » – font partie du réseau. Mais que font réellement ces villes – au-delà du lever de drapeau ?

Certes : il n’incombe pas à une commune de faire de la politique internationale. Mais si l’on veut vraiment donner un signe, pourquoi s’arrêter à un symbole ? Où sont les initiatives éducatives contre la militarisation dans les écoles ? Où sont les résolutions contre les exportations d’armes ? Où est la pression politique sur les gouvernements fédéraux et régionaux pour une véritable politique de désarmement ? Où est la participation aux nombreuses manifestations pour la paix dans le district ?

« Mayors for Peace » soutient le traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Weißenfels aussi. Et pourtant, l’Allemagne n’a toujours pas adhéré à ce traité. Rien d’étonnant : la République fédérale fait partie de l’OTAN, qui repose sur la dissuasion nucléaire. Et les bombes atomiques américaines sont toujours là – sous les applaudissements de certains stratèges en sécurité.

La vérité est amère : la paix souffle à Weißenfels une fois par an. Comme un drapeau. Comme un symbole. Comme une obligation calendaire. Et après ? Après revient le grand silence – tandis qu’ailleurs, les armes parlent.

Ce n’est pas le lever du drapeau qui dérange. C’est ce qui manque : la cohérence. Le courage. La volonté politique. La paix est plus qu’une photo. C’est un travail quotidien – ou ce n’est rien.

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